Age Report V – Habiter, vieillir et voisiner
Thème: Actualité, Habitat des Seniors & Mobilité
Le rapport Age V est rendu possible grâce à notre membre, l' Age-Stiftung, soutenue par la Fondation Leenaards
Le 7 novembre 2024, le Casino de Berne a accueilli le vernissage de la cinquième édition de l’Age Report, dédié au thème du voisinage. Cet ouvrage fournit des informations approfondies sur les conditions de vie et d’habitat des personnes âgées, sur la base d’une enquête
représentative menée dans toute la Suisse. Les résultats révèlent que la satisfaction en matière de logement et de qualité de vie est élevée chez les personnes disposant de ressources financières suffisantes et d’une bonne santé. Cependant, les femmes âgées vivant
seules et les personnes avec un faible niveau de formation sont toutefois plus exposées à un risque de pauvreté ; tout comme les personnes très âgées, elles dépendent particulièrement des bonnes relations de voisinage.
Risque d’isolement social accru pour 15 % des personnes âgées en difficulté financière
L’enquête révèle que les Suisses ne sont pas seulement de plus en plus âgés, mais qu’ils se sentent aussi plus longtemps en bonne santé. Cela prolonge la durée de la retraite, soit ce temps qui peut être organisé de manière indépendante. Ainsi, de nombreuses personnes âgées mènent aujourd’hui une vie quotidienne très active et développent des projets de vie plus personnalisés que les
générations précédentes. Ces « années de vie gagnées » influencent également la situation du logement : les personnes âgées vivent plus longtemps de manière autonome chez elles, souvent grâce à des services de soutien communautaires. On constate en outre une tendance vers des formes intermédiaires et variées d’habitat pour les personnes âgées (p. ex. logement accompagné ou encadré), avant l’entrée en établissement médico-social. Cependant, les personnes âgées disposant d’un statut d’éducation inférieur, les femmes vivant seules, ainsi que les personnes très âgées (85 ans et plus) subissent souvent des restrictions financières qui nuisent à leur vie sociale et augmentent leur risque d’isolement.
Les inégalités sociales se reflètent aussi dans la satisfaction à l’égard du logement
Les personnes de plus de 65 ans sont généralement très satisfaites de leurs conditions de logement. Les résultats de l’enquête mettent toutefois en évidence des inégalités sociales : « Les personnes fortunées qui peuvent s’offrir un logement de qualité sont plus satisfaites de leur habitat que celles de même âge aux revenus moins élevés », explique Valérie Hugentobler, co-directrice du rapport. Les personnes âgées sont très attachées à leur lieu de vie et à leur habitat, et souhaitent demeurer le plus longtemps possible dans leur quartier et leur logement. De bons contacts avec le voisinage représentent une ressource importante pour elles, et sont souvent jugés plus essentiels qu’un environnement de vie sans obstacles. D’ailleurs, seulement 34% des personnes interrogées ont indiqué que leur logement était exempt d’obstacles. Seules les personnes disposant de moyens financiers suffisants peuvent en effet se permettre des adaptations architecturales et ergonomiques adaptées à leurs besoins. Par conséquent, beaucoup acceptent les contraintes existantes afin de pouvoir rester dans leur lieu de résidence familier.
La proportion de ménages d’une seule personne a plus que doublé chez les hommes
La tendance vers les ménages d’une seule personne ne concerne plus uniquement les femmes. En Suisse alémanique, la proportion d’hommes âgés vivant seuls est passée de 16 à 37% au cours des 20 dernières années. Par ailleurs, les appartements adaptés aux personnes âgées et d’autres formes d’habitat intermédiaire (des structures à mi-chemin entre le domicile et l’établissement médico-social), continuent de gagner en importance. Même les personnes de plus de 85 ans vivent aujourd’hui plus souvent à domicile ou dans de nouvelles formes d’habitat (p. ex. appartements adaptés aux personnes âgées). En conséquence, l’âge d’entrée dans les maisons de retraite et les établissements médico-sociaux a augmenté, tandis que la durée de séjour dans ces établissements a diminué.
Un tiers des personnes interrogées souhaitent avoir plus de contacts avec leurs voisin·e·s
La plupart des personnes âgées entretiennent des contacts étroits avec leur voisinage. Les voisin·e·s jouent un rôle essentiel en tant que soutien social, contribuant ainsi à leur bien-être. Pour les personnes de plus de 80 ans, les voisin·e·s aident également à gérer le quotidien. En effet, 56% des personnes de plus de 85 ans ont déclaré avoir besoin du voisinage, en particulier les femmes seules
souffrant de problèmes de santé. « 85% des personnes interrogées reçoivent et apportent également elles-mêmes une aide à leurs voisin·e·s. Toutefois, près d’un tiers des personnes de plus de 85 ans souhaiteraient avoir davantage de contacts avec leurs voisin·e·s », explique Alexander Seifert, co-directeur du Age Report. Selon Fleur Jaccard, directrice de la Fondation Age-Stiftung, la solution
réside dans l’aménagement de l’espace et la promotion ciblée des relations sociales : « Pour réduire l’isolement social et la solitude, il est essentiel de bien concevoir l’environnement construit avec des espaces dévolus aux rencontres (espaces communautaires, cafés, marchés aux puces, etc.) et d’effectuer un travail de proximité pour l’accompagnement ».
L’intégration sociale est particulièrement importante pour la satisfaction du cadre de vie
Les personnes âgées se déclarent globalement très satisfaites de leur environnement résidentiel et s’y sentent très attachées, malgré le manque partiel d’infrastructures dans les zones rurales. Que ce soit en ville ou à la campagne, elles souhaitent rester dans leur quartier même à un âge avancé. La qualité des interactions avec le voisinage influence particulièrement ce degré de satisfaction. De plus, un lien a été établi entre la qualité de l’environnement résidentiel et l’intégration sociale. « Un environnement jugé problématique a tendance à entraîner un repli sur le logement privé, ce qui augmente le risque d’isolement social chez les personnes âgées », explique Valérie Hugentobler.
Le potentiel des technologies intelligentes à domicile est loin d’être épuisé
L’utilisation d’Internet par les personnes âgées a nettement augmenté au cours des dix dernières années. En 2013, seuls 51% de la population âgée de Suisse alémanique disposaient d’une connexion Internet, contre 75% en 2023. Le téléphone fixe reste toutefois l’un des principaux moyens de communication, et la télévision demeure la source d’information privilégiée pour l’actualité
quotidienne, indépendamment de l’âge et de la classe sociale. Les appareils mobiles (p. ex. smartphones, tablettes) sont davantage utilisés par les personnes ayant un niveau d’éducation élevé.
« Le soutien potentiel que les systèmes d’urgence et les technologies de la maison intelligente pourraient offrir aux personnes âgées à leur domicile est loin d’être épuisé », constate Alexander Seifert.
Contact
Fleur Jaccard, Directrice de la Fondation Age-Stiftung
fleur.jaccard@age-stiftung.ch | Tél. 044 455 70 62
age-report-v