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Crise dans le système de santé – Quelle suite ?

Date: 01.10.2024

Thème: Actualité, Santé

Dr. Heinz Locher en conversation avec Roman Weissen


Le système de santé Suisse est considéré comme exemplaire : des hôpitaux dans tous les cantons, l’industrie pharmaceutique, les caisses-maladie… Cependant, cette réussite est de plus en plus souvent critiquée. Des réformes décisives sont indispensables, notamment pour éliminer les incitations erronées qui mènent à des prestations évitables.

La hausse annuelle des primes des caisses-maladie affecte de plus en plus la population. Une plus grande prise de responsabilité et une collaboration accrue entre les prestataires sont plus importantes que jamais. Depuis les années 1970, l’économiste de la santé Dr. rer. pol. Heinz Locher s’intéresse aux divers aspects du système de santé. Ses principales préoccupations sont que chacun ait accès à des prestations de haute qualité et que les relations entre les parties prenantes soient empreintes de respect et de considération. Actuellement, son principal intérêt se porte sur le secteur des soins, en particulier pour les personnes âgées, où des dysfonctionnements importants existent. Pour y remédier, il s’engage au sein de la Care (at) Home Schweiz GmbH.

Monsieur Dr. Locher : Dans quel état se trouve notre système de santé ?

Dr. Heinz Locher : La réponse à cette question dépend de ce que nous mesurons et de l’endroit où nous le faisons. Lorsque les systèmes de santé de différents pays sont comparés, trois critères de mesure sont utilisés : l’accès, les prestations et leur qualité, ainsi que la consommation des ressources (personnel, finances). Pendant de nombreuses années, j’étais fier de pouvoir dire, lors de conférences internationales, que grâce à l’obligation de l’assurance maladie, tout le monde avait accès à un système de santé généreusement conçu, indépendamment de leurs capacités économiques. Puis sont arrivées les listes noires malheureuses, et j’ai parlé un peu moins fort.

Mais nous avons bénéficié d’une grande qualité !

Locher : La question de la qualité m’a toujours mis un peu mal à l’aise. Chacun pouvait dire ce qu’il voulait, car la qualité n’était pas mesurée pendant de nombreuses années. Dans les tableaux comparatifs internationaux, on voyait souvent une note : Suisse : « non disponible ».

Quant aux coûts, il n’a pas toujours été facile de présenter notre système sous un jour favorable ?

Locher : Oui et non. En tant qu’économiste de la santé, je m’intéresse d’abord à la performance, pas aux coûts. Ce n’est que lorsque celle-ci est connue qu’on exige qu’elle soit réalisée de manière économique et donc aussi avec une bonne qualité. Je souris toujours quand j’entends parler du danger de l’économisation de la médecine. Quel est donc le contraire de « économique » ? La réponse est « gaspillage ». Le danger de l’économisation fait probablement référence à la « commercialisation » ou à l’« affairisme ».

Ne simplifiez-vous pas un peu trop les choses, surtout si l’on pense aux nombreuses personnes, notamment les personnes âgées, qui souffrent sous le poids des primes d’assurance-maladie ?

Locher : Oui, c’est un point faible. C’est pourquoi je soutiens les efforts visant à améliorer cet aspect.

L’hôpital de Wetzikon s’est vu accorder un sursis concordataire provisoire. Qu’est-ce que cela signifie pour l’hôpital, le personnel et les patients de la région ?

Locher : Avec un sursis concordataire provisoire, le tribunal accorde à l’hôpital un délai de grâce pendant lequel il ne peut être poursuivi. Cela permet de rechercher des solutions pour éviter la faillite. Ainsi, les emplois peuvent être temporairement protégés.

Comment en est-on arrivé là ?

Locher : La crise était probablement prévisible depuis un certain temps. Les « signaux » n’ont soit pas été reconnus, soit ignorés, soit refoulés. Actuellement, certains « signaux » dans notre système de santé sont indéniables.

Et la morale de l’histoire ?

Locher : Comme pour les banquiers et les entrepreneurs généraux : Faites attention aux signaux ! Afin qu’il n’y ait pas d’autres « Wetzikon ».

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