Journée mondiale contre la maltraitance des personnes âgées
Thème: Actualité, Santé
La violence domestique chez les couples âgés: un tabou - encore et toujours?
Le 15 juin est la journée mondiale contre la maltraitance des personnes âgées. En Suisse, entre 300’000 et 500’000 seniors de plus de 60 ans sont victimes de violence chaque année. La violence ne comprend pas seulement la violence physique, mais aussi la négligence, la coercition et l’exploitation financière. La FARES vous recommande de lire le texte ci-dessous d’Elisabeth Leo-Dupont, qui aborde ce domaine thématique dans le contexte de la Journée mondiale.
Au faîte de l’âge nous imaginons que la sagesse, la pondération, le recul sont de mises…eh bien non. C’est une illusion mais comme nous ne cotoyons pas la violence domestique en direct, nous estimons qu’elle n’existe pas, tant elle est invisible. Et pourtant elle est là, bien à l’abri, derrière les murs de nos logements.
L’individualisme domine notre société ainsi évitons nous de nous immiscer dans la vie d’un couple, de voisins de palier, attentifs à préserver leur sphère privée.
Les seniors touchés dans leur couple par la violence optent pour la même pudeur, peu enclins à signaler leur conflit, leur souffrance, à en parler à leur entourage et à demander de l’aide à l’extérieur pour sortir de leur statut de victime. Question d’éducation ? de génération ? de résignation ? crainte de représailles ? de stigmatisation possible par la famille ? à l’heure de me#too il est temps de donner de la visibilité à ce phénomène.
Qu’est ce qui retient ces êtres à réagir ? à préférer s’enfermer dans le silence ? à subir des vexations, des propos dénigrants, agressifs ou même à encaisser un geste brusque, voire brutal et parfois même fatal ?
Mettre des mots sur une souffrance, oser faire part d’une maltraitance en sortant du huit clos du couple ou de la famille, c’est reconnaitre sa vulnérabilité et ses limites à changer la situation mais c’est aussi relever la tête, vouloir retrouver une part de sa dignité et mettre un frein, non mieux un terme aux insultes répétées, aux négligences subies, aux privations. Ces humiliations se sont souvent installées progressivement et de manière pernicieuse au sein du couple et sont donc difficiles à cerner car chacun semble s’y être habitué et tend ainsi à banaliser cette violence psychologique mais parfois aussi physique qui touche davantage les femmes et les personnes fragilisées dans leur santé (Alzheimer par exemple).
Y a-t-il des signaux d’alerte ? L’isolement social, la perte de poids, l’hygiène négligée, des ecchymoses peuvent nous interpeler.
Une campagne de sensibilisation dans toute la Suisse a été lancée pour que les seniors sollicitent les ressources d’aide en cas de violences domestiques car aujourd’hui moins de 5% des plus de 65 ans consultent un centre d’aide aux victimes.
Vous n’êtes pas seul/e, voilà un numéro d’aide : 0848 00 13 13
Elisabeth Leo-Dupont, Vice-présidente de la Fédération Suisse des retraités et Déléguée auprès du Conseil Suisse des Ainés