Les personnes âgées : pauvres et malades ou en forme et actives ?
Thème: Actualité
par Walter Langenegger, Berne
Quelle image avons-nous des personnes de plus de 65 ans en Suisse ?
Un regard sur les médias et l’internet montre que notre perception est marquée par des images polarisées du vieillissement : les personnes âgées sont considérées soit comme pauvres et malades, soit comme en forme et actives. Ces stéréotypes dépendent souvent de la façon dont la génération plus âgée est abordée en politique en tant que facteur de coût ou en publicité en tant que clientèle.
Autrefois, la vieillesse jouissait d’une estime sociale. Les personnes âgées étaient respectées pour leur expérience de vie, leurs connaissances et leur sagesse. On les abordait avec respect, et leur parole avait du poids.
Cette estime existe toujours, mais elle est largement recouverte par des images stéréotypées du vieillissement. Selon Simon Matz de “Stämpfli Kommunikation”, les images idéalisées de « jeunesse éternelle » et les images négatives de vieillesse déclinante sont prédominantes. Il s’agit des “images polarisées du vieillissement” qui se basaient sur des extrêmes positifs respectivement négatifs.
Mélangé positif-négatif
Ce constat est confirmé par des recherches scientifiques. La chercheuse allemande en médias, Caja Thimm, parle de stéréotypes contradictoires : l’un dessine l’image de la personne âgée socialement isolée et pauvre, l’autre l’image d’une génération plus âgée mobile, socialement intégrée et active.
Dans la même direction, une étude du Fonds national suisse publiée il y a environ 20 ans sur le thème des images du vieillissement décrit l’image sociale de la vieillesse comme “mixte, négative- positive”. Selon l’étude, les aspects perçus négativement incluent le changement démographique et les conséquences financières qui y sont liées. En revanche, l’allongement de l’espérance de vie est évalué positivement. Cela est considéré comme un enrichissement tant sur le plan personnel que social.
Images de l’âge dépendantes du contexte
Les images du vieillissement dépendent du contexte dans lequel les personnes âgées sont abordées. Il suffit de jeter un coup d’œil aux médias et à Internet pour s’en rendre compte : Dans le débat politique, les personnes âgées sont souvent présentées de manière négative comme un facteur de coût. La publicité, en revanche, donne une image positive de la “personne âgée qui est resté jeune.
Cela est actuellement particulièrement observable en ce qui concerne la prévoyance vieillesse. Alors que les conservateurs peignent l’image de “trop de retraités” qui pèsent sur les jeunes, la gauche met en garde contre le fait qu’une réduction des rentes mettrait de nombreuses personnes âgées dans des difficultés existentielles. Ces deux éléments conduisent bien entendu à une problématisation négative de la vieillesse.
C’est différent dans la publicité commerciale de secteurs tels que le tourisme ou le conseil en gestion de patrimoine : la génération plus âgée est représentée avec une “vitalité cool et décontractée exagérée” (Simon Matz). Les principaux destinataires sont les baby-boomers, qui partent maintenant à la retraite et disposent d’un pouvoir d’achat croissant. Ils deviennent de plus en plus importants sur le marché. C’est pourquoi, selon la chercheuse en médias Caja Thimm, la publicité crée délibérément des images positives de la génération plus âgée.
La génération plus âgée : peu présente dans les médias
Mais dans l’ensemble, cela ne change pas grand-chose au fait que si la génération des personnes âgées suscite un intérêt croissant dans les médias et sur Internet, elle reste peu présente dans l’esprit du grand public. Pour l’instant, les personnes âgées restent un sujet principalement traité par des experts en politique, en recherche et dans des groupes d’intérêt. Ce qui est négligé, c’est la couverture médiatique du vieillissement tout à fait normal. Celui-ci devrait être bien plus différencié et diversifié que ce que les stéréotypes nous suggèrent.
Walter Langenegger, juin 2023, Berne