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Votation fédérale du 26 septembre 2021 – OUI au mariage pour toutes et tous

Edition: 08-2021 Date: 31.08.2021

Thème: Actualité, Politique sociale

Le mariage pour tous met un terme à la discrimination existante. il fera tomber des frontières et permettra à des personnes du même sexe qui s’aiment de fonder une famille juridiquement sécurisée

Tout le monde doit pouvoir dire : « Oui, je le veux. »

Mon année de naissance est 1951. Aujourd’hui, j’ai donc 70 ans. Pendant 24 années, j’ai vécu une relation qui a duré jusqu’à ce que la mort nous sépare, après presque un quart de siècle. C’est le cancer, pas un conflit personnel, qui a mis fin à notre relation, il y a 13 ans. À l’époque, lorsque le diagnostic nous fit si soudainement prendre conscience de la finitude de notre vie commune, j’ai pensé, ce qui ne m’était jamais arrivé auparavant, que si nous avions un enfant, une partie d’elle continuerait à vivre.

Mais nous n’avions pas d’enfant bien que nous ayons mené notre vie ensemble et nous étions entraidées et motivées mutuellement, et que sa maladie était aussi devenue la mienne. Pendant les années 1980, nous n’avions pas non plus pensé si, parce que nous nous aimions, nous aimerions fonder une famille. Car si nous l’avions fait à l’époque, notre vie n’aurait bénéficié d’aucune sécurité juridique jusqu’à ce que la mort nous sépare. Car je suis aussi une femme, pas un homme. C’est, c’était, notre unique différence par rapport à la majorité de la société ; cela, même si nous nous sommes aimées jusqu’à ce que la mort nous sépare.

Vous vous demanderez peut-être pourquoi je raconte cette histoire, mon histoire, avec autant de détails.

Je parle de moi parce que j’aimerais que la génération qui a l’âge des enfants que j’aurais pu sans problème avoir si je n’étais pas lesbienne… et celle qui a l’âge des petits-enfants que j’aurais également pu avoir, si… Je n’aimerais tout simplement pas qu’eux aussi doivent vivre la même chose qu’a dû vivre ma génération.

 Quand j’avais l’âge des femmes qui ont aimé des hommes et ont mis des enfants au monde avec eux, je n’avais pas du tout à me poser la question de savoir si je voulais fonder une famille car la loi ne le prévoyait pas pour les personnes homosexuelles. Elle leur imposait même des chicaneries. Nous devions signer l’une pour l’autre des contrats pour que, par exemple en cas d’hospitalisation de la partenaire de vie, l’autre puisse lui rendre visite. Ou pour que les médecins* m’acceptent moi, la partenaire de la malade, en tant que personne que l’on consulte sur les décisions à prendre, en lieu et place de ses parents à elle, avec qui nous étions peu liées.

Je reconnais que la réalité n’est plus aussi terrible. Depuis 2007, la Suisse connaît le partenariat enregistré qui règle beaucoup d’aspects au plan juridique.

Mais nous continuons à ne pas être mises sur pied d’égalité. Les questions les plus pressantes qui sont importantes pour une relation entre personnes du même sexe ne bénéficieront d’une assise juridique que si le mariage pour toutes et tous est accepté le 26 septembre prochain. Et aussi si nous pouvons nous marier avec tous les droits et les devoirs que cela comporte.

Ensuite, si la victoire dans les urnes nous permet de penser à une vie familiale aussi normale que celle de deux personnes de sexe différent qui s’aiment, alors seulement, nous saurons que la sécurité juridique nous permet de vivre une vie qui ne laissera pas nos enfants sans droits dès leur naissance, en cas de décès de l’un des deux parents ou de leur séparation, comme cela arrive souvent avec les couples hétérosexuels.

Pour moi et mon actuelle partenaire depuis longtemps maintenant, la question d’un enfant ne se pose plus. Nous sommes désormais les deux trop âgées. Mais pour toutes les personnes de même sexe qui s’aiment et pourraient être nos enfants ou nos petits-enfants, nous souhaiterions que, comme pour les enfants de couples hétérosexuels, elles ne se trouvent plus dépourvues de sécurité juridique dès leur premier souffle. Parce que l’amour seul compte, pas le sexe.

Nous souhaiterions aussi qu’un couple puisse donner un nouveau foyer à un enfant en l’adoptant, sans obstacle, c’est-à-dire comme avec les procédures de clarification appliquées aux couples hétérosexuels. Les parents lesbiennes ne doivent plus non plus être exclus des dons de sperme. Car finalement, pour le bien-être de l’enfant et son évolution individuelle, c’est l’amour seul qui compte. Jamais encore, l’attention et les soins n’ont été une question de sexe des parents.

Je vous prie de donner un signal en votant OUI au mariage pour toutes et tous et, par là, de donner un signal aussi pour l’amour. Car l’amour renforce. Il renforce non seulement l’autre, mais aussi la société. Un OUI au mariage pour toutes et tous abolira ces frontières qui empêchent aujourd’hui encore une partie des personnes qui s’aiment de se donner une vie de famille juridiquement sécurisée.

Merci

Barbara Bosshard, Présidente de queerAltern et autrice
de « Den Himmel berühren – meine Geschichte von Trauer und erneutem Glück »
et « Verborgene Liebe – die Geschichte von Röbi und Ernst », publiés aux éditions Wörterseh

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